Les enjeux
Dans les années 1880, le principal conflit qui occupe la société de la Troisième République française est celui qui oppose les républicains aux monarchistes. À la suite de l’assassinat du Tsar Alexandre II et des pogroms qui s’en suivirent en Russie, une vague d’immigration juive part se réfugier en Europe de l’Ouest pour fuir les massacres. L’idéologie antisémite* prend alors un certain regain. En 1886, le journaliste et polémiste Édouard Drumont publie son pamphlet intitulé La France juive. Il connaît un succès énorme avec 62 000 exemplaires vendus la première année. Ce livre fait office d’ouvrage de référence concernant le prétendu complot juif, et il est réédité par Alain Soral en 2013. Dans le sillage du pamphlet, plusieurs organisations antisémites sont créées, telles que la Ligue antisémitique ou encore le journal La Libre Parole. En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, juif d’origine alsacienne, est accusé à tort d’avoir livré des documents secrets français à l’Empire allemand. En 1898, l’acquittement du véritable coupable et la publication du pamphlet d’Émile Zola “J’accuse” dans le journal l’Aurore provoquent une suite de crises sociales et politiques en France. C’est aussi dans ce contexte, qui oppose dreyfusards et antidreyfusards, qu’est créée l’Action française en 1899. Celle-ci va mener une campagne antisémite acharnée et très violente à l’égard du capitaine Dreyfus, et de la minorité juive en général. Si, à ses débuts, l’Action française est une organisation nationaliste qui s’accommode de la République, elle devient monarchiste et anti-parlementaire sous l’influence de Charles Maurras.
Avant l’affaire Dreyfus, dans le camp d’en face, la gauche est, au mieux, silencieuse. Dans son livre, « L’antisémitisme à gauche. Histoire d’un paradoxe de 1830 à nos jours », l’historien Michel Dreyfus explique qu’une partie de la gauche, et notamment des socialistes de l’époque, adhèrent aux idées antisémites. Il explique que la gauche a aussi alimenté le rejet du capitalisme en s’approvisionnant dans un système de représentations racistes (le personnage du vampire et/ou du parasite, affublé de codes de caricature antisémite (le nez crochu, les longs doigts, voire les tentacules), un personnage de marionnettiste…). Les thèses antisémites sont reprises jusqu’à l’extrême gauche (des figures comme Proudhon et Bakounine étaient ouvertement antisémites). L’affaire Dreyfus va complètement rebattre les cartes et marquer un tournant à gauche. Les socialistes sont forcés de se positionner et de faire le ménage de l’antisémitisme dans leurs rangs. Si l’antisémitisme peut être véhiculé au sein de tous les courants politiques, celui-ci reste une obsession idéologique fondamentale de l’extrême droite. À l’inverse, la gauche a surtout tendance à reprendre et reproduire des codes et des discours antisémites sans les questionner.
En 1903 est publié un texte inventé de toutes pièces : les Protocoles des Sages de Sion. Il fut créé par un agent antisémite des services russes pour le compte de la police secrète du tsar, qui, voyant les bolcheviks prendre de plus en plus d’importance sur la scène politique russe, décide de contre-attaquer. Présenté comme un protocole de domination juive sur le monde, le texte est dénoncé comme étant un faux dès le début, notamment par le journal The Times de Londres (les preuves avancées furent reprises par les journaux d’Europe) : mais le mal est fait. Les Protocoles continuent d’être traduits en allemand, français et anglais dans les décennies qui suivent. Hitler le mentionne dans Mein Kampf, avec l’idée selon laquelle « puisque autant de personnes, y compris les grands journaux, s’acharnent à dire que c’est faux, c’est donc bien la preuve que c’est vrai.» Soit un raisonnement fallacieux, propre à la rhétorique complotiste. Les Protocoles furent l’une des pièces maîtresses dans la propagande du Troisième Reich. L’Europe des années 1930 est marquée par la résurgence de l’antisémitisme avec la dénonciation du « judéo-bolchevisme », expression fort pratique pour l’extrême droite, puisqu’elle permet d’allier la haine des juifs à l’anticommunisme. En France, les deux organisations fascistes qui dominent alors la scène politique sont l’Action française et les Croix-de-feu, qui comptent à elles deux des milliers de personnes, militarisées pour une partie. Par ailleurs, le krach boursier de 1929 fait naître une décennie marquée par la crise économique. Dès 1931, la France est frappée par la Grande Dépression, une période de chômage et de misère propice à la montée du fascisme. Suite à la tentative de coup d’État de l’extrême droite le 6 février 1934 (affaire Stravinsky), une Union des gauches voit le jour. Celle-ci, convaincue d’un véritable danger fasciste en France, donnera lieu au Front populaire. La victoire de celui-ci aux élections de 1936 sera dénoncée par l’Action française comme étant un « complot juif ».
Le régime de Vichy, et les réécritures de l’Histoire.
Pendant quatre ans, le gouvernement français est assuré par le régime de Vichy. Sous l’autorité du ministre Pierre Laval, Vichy va promulguer une suite de lois et de décrets à l’encontre de la population juive. Le 03 octobre 1940 par exemple, le gouvernement vichyste édite, de son propre fait et sans aucune pression nazie, une loi portant sur le « statut des Juifs », et qui s’applique à la zone libre comme à la zone occupée. À l’issue de la guerre, une première réécriture émerge dans le discours national avec le mythe de la « France résistante », comme l’explique l’historien Laurent Douzou, dans cette interview : « Le mythe résistancialiste a consisté à dire que la Résistance avait été le fait de quasiment l’ensemble de la population : on comprend bien qu’il s’agit de gommer les clivages très profonds de l’Occupation et d’atténuer les dissensions qui travaillaient la société de l’immédiat après-guerre. Or on sait bien que la Résistance n’a jamais regroupé l’ensemble de la population française. » Une autre réécriture de l’Histoire, alimentée par l’extrême droite, est connue sous le nom de la thèse du glaive et du bouclier. Elle consiste à affirmer que le général De Gaulle (le glaive) et le maréchal Pétain (le bouclier) auraient en fait, travaillé ensemble pour libérer la France en utilisant des stratégies différentes. Cette thèse permet à ceux qui s’inscrivent dans un héritage politique pétainiste de justifier la signature de l’armistice du 22 juin 1940 et le régime collaborationniste, selon une vision du «moindre mal ». Ces dernières années, cette théorie est beaucoup reprise par Éric Zemmour, qui affirme sur les plateaux télé que «Pétain a sauvé les juifs français ». La théorie du glaive et du bouclier tire son origine des plaidoiries des avocats de Philippe Pétain lors de ses procès à la Libération. Comme le résume très justement cet article de Radio France :
Dans l’immédiat après-guerre, la « thèse du glaive et du bouclier » offre une possibilité de camouflage déculpabilisant aux tenants de Vichy qui y trouvent une fable commode pour faire le récit d’eux-mêmes dans une guerre qu’ils ont perdue à tous égards.
Ce révisionnisme de l’Histoire s’accompagne aussi d’une relativisation de la politique d’extermination des Juif-ves. Le gouvernement de Vichy a mené une politique de collaboration, sans aucune volonté de servir secrètement la Résistance. Le maréchal Pétain et ses alliés étaient persuadés de la victoire de Hitler, et donc souhaitaient collaborer afin d’assurer une place à la France dans la nouvelle Europe nazie. Enfin, la théorie du glaive et du bouclier s’accompagne aussi du mythe selon lequel la majorité des résistant-es étaient des royalistes (notamment de l’Action française) et des militants réactionnaires. Ce mythe a également été démonté par les historiens. S’il y avait quelques royalistes au sein des réseaux pour la France Libre, ils étaient loin d’être majoritaires.
De nombreux groupes de résistance juifs voient le jour en Europe et en France sous l’Occupation allemande. Parmi les plus connus :
- le réseau André (groupe d’action contre la déportation), s’attellera à confectionner des faux papiers et à trouver des abris, en ville et à la campagne.
- l’Armée juive, un groupe militaire qui permet le passage des Juif-ves vers l’Espagne, puis vers la Palestine. Le groupe met également en place un service de renseignements contre la délation. Des dénonciateurs de Juif-ves sont exécutés.
- le réseau Abadi, qui permit de sauver entre 300 à 500 enfants dans la région de Nice.
Pour en savoir plus, le site du Mémorial de la Shoah possède toute une section dédiée à la Résistance juive, et Médiapart y a consacré cet article.
Parmi les résistants, on compte aussi beaucoup d’anarchistes et de communistes espagnols, qui ont fui les troupes de Franco entre 1938 et 1939. Ces militants antifascistes sont des combattants aguerris, connaissent la dynamite et savent se servir d’armes. Les anarchistes sont pourchassés par le régime de Vichy. Des résistants tels que Joan Peiró, syndicaliste libertaire espagnol, sont arrêtés par la Gestapo et remis aux mains du régime franquiste (Joan Peiró sera fusillé en 1942). Dans un intérêt mémoriel, nous citerons ces quelques exemples :
- La neuvième compagnie de la deuxième division blindée du général Leclerc comptait une grande partie d’espagnols. Connue sous le nom de « la Nueve », elle libéra Paris aux avant-postes.
- Le Mouvement libertaire (qui s’était constitué dans la clandestinité en France en 1943) s’étend dans plusieurs commissions en zone libre et en zone occupée. Parmi ses militants les plus connus, on y trouve Germinal de Souza, Mariano Rodriguez Vázquez, ou encore Juan Manuel Molina qui était responsable des liaisons avec les camps de concentration.
- Le réseau Pat O’Leary, était le plus grand réseau de passeurs de la Résistance et travaillait en liaison avec le groupe Ponzán du militant anarchiste Francisco Ponzán Vidal. Ces réseaux ont permis l’évasion de 1500 personnes, dont plus de 700 aviateurs alliés, ainsi que le passage de nombreux documents.
La répression de l’État contre ces militants communistes et anarchistes est très violente et organisée, comme le relate cet article de la revue Contretemps.
Le duo Alain Soral-Dieudonné, ou le regain antisémite français
À partir des années 1980-1990, Alain Soral émerge dans le champ médiatique. Au milieu des années 2010, ses chaînes Youtube et Dailymotion cumulent à elles deux 120 millions de vues sur ses vidéos. Et son site internet, Égalité et Réconciliation, reste aujourd’hui le premier site de réinformation de France avec 7 millions de visiteurs par mois. Dans son livre, « Antifascisme(s), des années 1960 à nos jours », dont on vous parlait dans le premier reportage de ce dossier, l’historien Jean-Paul Gautier en parle ainsi : « Le duo Dieudonné-Alain Soral qui, sous couvert d’un antisionisme* et d’un soutien à la lutte des Palestiniens, développe un antisémitisme viscéral et obsessionnel digne d’Édouard Drumont, auteur de « La France Juive » en 1886. Les deux compères sont passés de l’antisionisme à la « dénonciation du péril juif », le tout mâtiné de négationnisme et de contacts avec Robert Faurisson. Soral et Dieudonné se sont répartis les rôles. D’un côté, Soral l’« intellectuel », de l’autre, Dieudonné le « comique ». Les deux développent un business florissant. » En « bon candidat » pour la télévision, Alain Soral est invité sur tous les plateaux, notamment dans l’émission « Tout le monde en parle » d’Ardisson. Il y déverse son antiféminisme, sa haine des Juif-ves et des homosexuels, son nationalisme… Il développe également tout un discours d’apparence anticapitaliste. Sur ce plateau de télé par exemple, l’une de ses interlocutrices est Roselyne Bachelot, qu’il accuse d’instrumentaliser les droits des femmes dans une optique libérale et bourgeoise. Évidemment, Soral n’a que faire de la lutte des classes et des droits des femmes. Sous couvert d’un combat de classes, il milite pour le rétablissement de valeurs traditionnelles chères à la droite et à l’extrême droite, telles que la virilité ou la famille hétéronormative* et traditionnelle. Les systèmes de dominations qui pèsent sur les femmes, les personnes LGBTIA*, les minorités juives et racisées, ou encore les personnes handicapées, sont constitutives du capitalisme. Le discours qu’il développe pourrait se résumer ainsi : « la gauche a abandonné la lutte des classes au profit des minorités. » Il s’agit, au mieux, d’une analyse inepte et à côté de la plaque, au pire, d’une instrumentalisation populiste et réactionnaire.
Selon le rapport du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), il y a eu 436 actes antisémites en 2022. 53% des actes antisémites portent atteinte à des personnes, et 10% d’entre eux sont des attaques physiques violentes. Le rapport précise qu’il ne s’agit que des chiffres enregistrés en commissariat, et qu’il ne reflète pas la violence antisémite sur internet. Enfin, depuis 2003, 13 personnes ont été assassinées en France parce qu’elles étaient juives. Aryeh & Gabriel Sandler, Myriam Monsonégo (tueries de Toulouse et Montauban), Yohan Cohen, Philippe Braham, François-Michel Saada, Yoav Hattab (les quatre victimes de l’attentat de l’Hyper-Cacher), Sarah Halimi, Mireille Knoll et René Hadjadj.
L’initiative
L’histoire de l’antisémitisme est fondamentale pour comprendre l’histoire du mouvement ouvrier.
À 34 ans, Jonas Pardo est formateur spécialisé sur la lutte contre l’antisémitisme depuis 2021. De Médiapart à Europe Écologie-Les Verts, en passant par le syndicat Solidaires ; il intervient dans les organisations de gauche au sens large, mais aussi en milieu scolaire auprès de classes de Terminale. Syndicats, associations, collectifs, partis politiques de gauche… La formation de Jonas Pardo est destinée à tous les acteurs du mouvement social. « Y compris aux collectifs antiracistes », précise Jonas Pardo. Au programme : Histoire, Droit, Sociologie, Histoire des religions, Sciences politiques… Le militant adapte sa formation aux besoins exprimés. « On construit quelque chose de sur-mesure et on aborde des questions contemporaines. »
Jonas Pardo a établi quatre volets dans sa formation contre l’antisémitisme :
- Le premier volet concerne la défense de la communauté juive.
- Le second est consacré à la lutte contre l’extrême droite et ses idées.
- Le troisième est dédié à la lutte contre le complotisme et le confusionnisme.
- Le quatrième développe une analyse plus globale des oppressions. « L’antisémitisme racial à tout à voir avec la pureté de la race. C’est une question de performance, avec l’idée selon laquelle les espèces sont en compétition entre elles. Ainsi, ce serait dans la nature des choses que, pour que certaines espèces survivent, d’autres doivent être éradiquées. Les premières victimes – non pas en nombre, mais en chronologie – du régime hitlérien, furent d’ailleurs les handicapés. », développe Jonas Pardo, avant d’ajouter : « Une des premières mesures que prend Hitler après son élection, c’est la stérilisation forcée des personnes handicapées. Le génocide des Juifs a commencé par l’élimination des handicapés. »
La prise de conscience
J’ai eu une vie juive très intense jusqu’à ma majorité. J’ai été à l’école juive, j’ai pris part aux mouvements de jeunesse juive et j’ai reçu une éducation religieuse via le Talmud Torah.
S’il est aujourd’hui établi en Bretagne, Jonas Pardo a grandi au sein de la communauté juive de Marseille. Il raconte avoir beaucoup appris sur les méthodes d’éducation populaire en étant directeur de camps de vacances. « J’ai appris beaucoup de choses aussi sur l’Histoire du peuple juif à l’école, y compris à travers des voyages sur les lieux de mémoire. » Pourtant, le militant s’est éloigné de cette communauté par la suite. « J’ai mis tout ça de côté, dans une sorte d’attitude de rejet. » Il se politise à gauche, « je suis tombé dans le mouvement social à partir de 2012 », et met alors sa judéité de côté. « J’entendais des insultes antisémites autour de moi dans les milieux militants que je fréquentais, mais je trouvais des excuses. » En 2015, une prise d’otages a lieu à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes à Paris. Il s’agit d’une attaque terroriste antisémite perpétrée par Amedy Coulibaly. Ce supermarché est celui dans lequel la maman de Jonas Pardo va faire ses courses. « Ma mère a failli se retrouver dans la tuerie. Et là, c’est le choc. Je ne peux plus faire abstraction de tous les propos que j’entends.» Les expressions de compassion avec le tueur ou encore la reprise du narratif « il venge les Palestiniens », pour Jonas Pardo, aucun doute : « L’antisémitisme est profondément ancré dans les consciences. Ça ne m’avait pourtant pas fait tilt avec Mohamed Mera. Mais là, tout d’un coup, je me suis dit « ok, on a un problème ». »
Aider la gauche à faire son autocritique
On assiste à une montée des expressions antisémites jusque dans les rangs de partis politiques tels que la France Insoumise. Non seulement ces manifestations ne sont pas comprises, mais elles ne sont pas reconnues.
Jonas Pardo explique que lorsque les militant-es contre l’antisémitisme pointent du doigt ces manifestations, la réaction d’en face est celle du déni. « On nous sert des justifications très typiques en politique, notamment de la part de la gauche. À savoir : « c’est une attaque pour nous discréditer. » C’est la fameuse théorie du « rayon paralysant », reprise par plusieurs personnalités politiques de la gauche depuis plusieurs années, pour se défendre d’accusations d’antisémitisme. » Jonas Pardo poursuit : « Par exemple, on peut entendre des blagues du style, « si à 50 ans on t’a pas traité d’antisémite, c’est que tu as raté ta vie. »» Bien sûr, les accusations d’antisémitisme contre la gauche viennent aussi du camp de la droite, notamment au sujet de la politique israélienne menée vis-à-vis des territoires palestiniens et de leurs populations. « Oui, il y a une instrumentalisation de l’accusation d’antisémitisme, mais la réduire à ça est une erreur ! » affirme Jonas Pardo. « La gauche est dans les choux. Pour elle, parler d’antisémitisme serait un moyen de silencier la situation en Palestine. Il y a aussi cette idée véhiculée selon laquelle on parlerait trop de la Shoah. Mais ça, ce sont les idées de Dieudonné en fait ! »
Bien sûr que les Palestiniens sont victimes de colonisation et de spoliation, mais la gauche ne voit pas que beaucoup de personnes qui se revendiquent antisionistes, sont en fait des antisémites cachés, comme Dieudonné.
C’est pourtant pas compliqué de critiquer le régime autoritaire israélien sans véhiculer de la haine à l’égard de la minorité juive !
Jonas Pardo pointe aussi l’absence flagrante de culture de ce qu’est l’antisémitisme. « La plupart des gens qui se disent antisionistes ne savent même pas définir ce qu’est le sionisme. De la même manière, le fameux débat « antisémitisme versus antisionisme ?”, est un mauvais débat. Il y a des bonnes critiques d’Israël et des mauvaises critiques. » Jonas Pardo explique être fréquemment confronté à un vide de connaissances dans les milieux militants. « Je pose souvent les questions suivantes : donne-moi le nom d’un seul juif mort en déportation ? Le nom d’une seule organisation de résistance juive ? Peux-tu me citer autre chose qu’Anne Franck et les fameux 6 millions de morts ? En général, les gens ne peuvent pas répondre, et là ils réalisent qu’il y a un problème. » D’un ton sarcastique, Jonas Pardo ajoute : « Un jour, quelqu’un m’a répondu : « j’ai lu le livre « Un sac de billes » quand j’avais dix ans. » C’est léger quand même, non ? »
À l’école, les programmes scolaires évoquent rapidement la Solution finale. Mais on apprend pas aux enfants comment s’est faite la propagation de l’antisémitisme. Pourquoi et comment les gens en sont venus à penser que les Juifs contrôlaient le monde et qu’il fallait les exterminer pour rendre le monde meilleur.
Jonas Pardo constate aussi que beaucoup de personnes dans les milieux de gauche refusent de se saisir de ce sujet en l’assimilant à des enjeux religieux. « Beaucoup de gens voient ça comme un truc de religion, de bigoterie. Les discours à gauche qui entretiennent l’idée selon laquelle l’islamophobie a remplacé l’antisémitisme : non. C’est faux, et c’est du confusionnisme. » Il termine : « En 2022, la gauche n’a pas réussi à qualifier Zemmour d’antisémite. » Intéressé-es par ses formations ? Il est possible de le joindre à l’adresse email suivante : ateliercontrelantisem@gmail.com.
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